Graphisme technique (2)

Seront publiés ici des bouts de thèse, laquelle est disponible en fichiers séparés via WebOL ; ces extraits doivent en donner la substance, sans l’appareil de notes : « La Matière et l’Action : Le graphisme technique comme instrument de la coordination industrielle dans le domaine de la mécanique depuis trois siècles ».

La conclusion est souvent la première chose à attraper dans une oeuvre non-fictionnelle ; poursuivons ainsi.

& :
– Conclusion – 1. Comment naît la conception
.

 La pratique de la CAO impose-t-elle une rupture radicale ?
| Conclusion – 2.
La nouveauté en question de la CAO

Les exemples de passage à la CAO que nous avons abordés ne semblent pas correspondre à une rupture totale avec le passé, ni à une simple continuité avec les pratiques en cours. Dans les diverses observations que nous avons rapportées, c’est plutôt la coexistence d’instruments variés qui ressort. Nous avons établi dans la partie III qu’il est réducteur de ne voir dans la CAO qu’un instrument permettant de travailler en « 3D ». Tout d’abord, le graphisme en deux dimensions, parfois appelé « plan », est toujours la seule référence contractuelle légale, entre un donneur d’ordres et un sous-traitant par exemple : ils conservent parfois une place importante dans l’activité de conception (comme par exemple chez Creusot-Loire Industries). Les instruments de CAO doivent permettre aux concepteurs, si l’on écoute leurs doléances, de prendre en compte des informations non géométriques, traitant de la manière de fabriquer (par exemple les points de départ d’usinage).

Des études sont encore à faire sur la matérialité du développement de ce que l’on nomme sommairement la CAO (i.e. des ordinateurs, écrans, souris, imprimantes, etc.). Quoi qu’il en soit, nous avons souligné que c’est le versant gestion technique qui complète la visualisation, la fabrication et le calcul. L’histoire de la CAO nous aura appris qu’il faut déplacer le point de vue exprimé par l’adage dans le milieu des concepteurs d’instruments de conception : « il faut que la conception tienne compte —intègre— la fabrication ». Verrouiller les solutions trop tôt, figer les options et créer ainsi des irréversibilités risquent de réduire la CAO uniquement à une logique géométrique et de calcul. La notion de prescription dans la partie II nous a été utile pour suggérer ; au contraire, que la coordination entre la conception et la fabrication ne peut se faire que s’il se crée suffisamment de marges de manœuvre. Nous faisons l’hypothèse qu’ici aussi, l’enjeu est de ne pas être trop directif.

Finalement, les différents cas que nous avons exposés dans la partie III (genèses d’OI3C3, de CATIA, d’EUCLID, apparition de la CAO au CERN, conservation de plans du début du siècle chez Creusot-Loire Industries) tendent à montrer la manière de définir les nouveaux instruments, de synthétiser et cristalliser des points de vue particuliers, de configurer les différents pôles du tripode analytique (acteurs, instruments, savoirs). Ce qui semble être en jeu est l’explicitation des méthodes. L’intégration produit-process (i.e. concevoir en même temps l’objet et la manière de le réaliser) était déjà présente dans les graphismes techniques sous les formes antérieures ; la prise en compte de la fabrication ne date pas de l’émergence de la CAO. En revanche, des moyens financiers, de nouveaux acteurs apparaissent dont les missions sont d’expliciter des formes de coordination, par la création d’un nouvel instrument par exemple.

En définitive, nous pouvons affirmer que le développement de la CAO n’est pas celui d’un rapprochement sans précédent entre la conception et la fabrication : en fait, la CAO n’est pas plus intégrative que les précédents avatars du graphisme technique. Pour autant, ce n’est peut-être que le point de départ, dans notre optique, d’une étude sur ce qui fait réellement la nouveauté de la CAO. C’est là que notre thèse est plus exploratoire. Nous avons surtout voulu poser les termes du débat à l’aide d’une assertion méthodologique : si la CAO est bien consubstantiellement liée au calcul, à la fabrication et à la visualisation, les possibilités mais aussi les contraintes en terme de gestion de l’information sont tout aussi importantes pour tenter de comprendre les nouvelles situations de coordination, décrites de manière moins complètes que dans les parties précédentes. Il nous aura fallu un détour par une étude de cas5 (qui a pu paraître légèrement décalé par rapport à notre propos sur le graphisme technique) pour permettre de caractériser la CAO sous les quatre aspects précédents.

(…)

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