Alleluia Sancta Cecilia

Qui ne connaît pas Joseph Haydn pourrait croire que le plus bel Alléluia de l’histoire est celui si célèbre et entraînant du Messie de Haendel. Peut-être : qu’il ou elle écoute le choeur Vollendet ist das große Werk (le titre vaut programme, Google Translator pouvant certes aider au besoin, mais Reverso est souvent meilleur), tiré de Die Schöpfung (La Création, évidemment, comme pour filer la métaphore démiurgique).

A lire une partition d’Haydn de préférence à celle de Haendel, l’on est ébouriffé presque à perdre haleine en suivant son écriture harmonique dont la virtuosité contrapuntique n’a rien à envier me semble-t-il à celle de Bach.Tout débat urbain est néanmoins possible car la musique n’est pas une compétition sportive.

En bonne cadence, voici pour l’édition 2013 la Pêche du Canard (aux bons becs de DuckDuckGo, car il n’est pas que Google). Pour écho, car la musique ne vieillit pas :

Pour croquer les notes, les mots ont leur charme, tel le pense EcritOL.

Du rythme, de Mozart et des oiseaux

L’amateur peut comprendre, par ses oreilles et son corps même happé par un flot irrésistible, combien la musique de Mozart est très rythmique. Des souvenirs feraient remonter que la Symphonie n°25 en sol mineur, K.183 (YouTube, ici par Karl Boehm et les Wiener Philharmoniker ou, sans l’image, par Neville Marriner et l’Academy of Saint-Martin-in-the-Fields) est « du swing » et, surtout, que le Concerto n°20 pour piano en ré mineur, K.466 (Youtube itou, par Maria João Pires accompagnée par Armin Jordan et l’Orchestre de Chambre de Lausanne) possède une dynamique qui tient le ventre et emporte la tête.

Le choc fut d’autant plus vif de tomber sur quelques lignes d’Olivier Messiaen :

[Mozart] le plus rythmicien de la musique classique.

Qu’est-ce que le rythme ?

Schématiquement, une musique rythmique est une musique qui méprise la répétition, la carrure et les divisions égales, qui s’inspire en somme des mouvements de la nature, mouvements de durées libres et inégales.

Les chants des oiseaux sont viscéralement rythmiques, dirait OM l’écouteur-scribe ornithophile. Le jazz ? Parfois, parfois, on peut penser que le jazz est trop stéréotypé, faussement libre ; ce que décrit OM magistralement :

Il est établi sur un fond de valeurs égales. Par le jeu des syncopes, il contient aussi des rythmes, mais ces syncopes n’existent que parce qu’elles sont placées sur des valeurs égales qu’elles contredisent. Malgré le rythme provoqué par cette contradiction, l’auditeur une fois pour encore dans les valeurs égales qui lui procurent une grande tranquilité. (…). Je veux prendre un autre exemple très frappant de musique non rythmique considérée comme rythmique : les marches militaires, succession ininterrompue de valeurs absolument égales.

Chut, il ne reste qu’à écouter se laisser déstabiliser par Mozart. Les enfants, même sans lire, peuvent l’avoir compris ; il est comme un clin d’ouïe de noter que le personnage le plus truculent de la Flûte Enchantée, Papageno, est un oiseleur (Vogelfänger, en version originale). Ceux sachant lire trouveront dans l’ouvrage de Claude Samuel les citations concernant OM : Permanences d’Olivier Messiaen, Actes Sud, 1999.

& :
Mozart ? | Messiaen ? | Stravinsky ? – (MusicOL).
Sacre du printemps ? (EcritOL).

Mieczysław Weinberg

Écoutons ses 17 quatuors à cordes, pour la musique captivante et peut-être pour l’écho de l’histoire fracassante de l’Europe du XXe siècle. Dimitri Chostakovitch l’appréciait lui aussi beaucoup. Que faut-il d’autre pour découvrir 22 symphonies, 7 opéras, un concerto pour violoncelle qui capte l’oreille dès la première écoute, un sonate pour violoncelle solo, de multiples sonates avec piano, etc. ?

La sélection de YouTube.
Music-weinberg.net | « Lines that have escaped destruction«  (A researcher’s blog on the life and music of MW).
– MW – Wikipedia.FR | W.EN | W.DE | W.NL.

A suivre (Merci à T-L* et clin de Clic à Cellophile).

& :
Chosta ? (MusicOL).

Mickael Jackson

Le talent n’est pas l’apanage d’un style, et ne reste pas d’un côté d’une frontière, fut-il dit ici il y a 4 ans. Les créations de Mickael Jackson ridiculiseront longtemps nombre de clips d’une production showbiz standardisée (les effets bad boys sont depuis des clichés, l’original a d’une toute autre intensité chorégraphique).

Il a travaillé avec Martin Scorsese pour Bad, avec Quincy Jones pour certains de ses spectacles relevant d’un art total. Son Thriller est une oeuvre sans pareille de presque 14 minutes, son Beat It et surtout son Billie Jean (ici en version scénique) relèvent d’une véritable écriture qui ferait honte à d’autres grands noms de la pop si on osait les citer.

MJ a été un très grand créateur, aussi. Notons que La Vie des Idées a publié un -forcément- long article intitulé Il était une fois Michael Jackson.

Four years after MJ’s death, Peter Aspden, from the Financial Times Week-end, wrote an excellent article (The way Michael Jackson made us feel) about the sustainability of the best pop music.

How will the future judge the golden era of popular music that began in the middle of the 1950s and dribbled to a close sometime in the late 1980s? Changes in the making and marketing of music, and the way we listen to it, are having momentous effects on the industry. What will be left for posterity? Vinyl, the medium that transmitted most of pop’s most glorious moments, is already an ancient artefact, collected by zealots, hipsters and, presumably, the British Museum. Compact discs are already on their way out. The video clip is an outdated promotional tool. How will we remember the stars of pop? Talent shows? Tribute bands? Obscure retro radio channels?

Mozart is still celebrated because his music continues to be played by orchestra members who devote their lives to mastering his compositions. His genius is freeze-packed to last: modern orchestras do not look or sound dramatically different from those of his lifetime. Audiences are respectful of the ritual of attending concerts. They are reverential towards a period of musical innovation that will never go out of fashion; it is a touchstone for our deepest cultural aspirations.

(…)

But pop doesn’t have a hope of matching that kind of longevity. It has whored itself to corporate greed, and to the desperate desires of its practitioners to achieve instant fame and wealth. Who, over the age of 11, can actually remember last year’s X Factor winner? Perhaps it is only right that an art form that was designed to deliver evanescent pleasure should end like this: a bright comet that is already fast receding. But it is a shame. Pop music did become an art form. And it should be remembered, not least for the sake of its few true stars.To watch One and Love in 20, or 50, or 100 years’ time will be the nearest we can get to understanding the greatness of a period that is already receding in our rear-view mirrors. Pop music, the cultural historians of the future will say, really did have that visceral, effervescent appeal. It invented new things, and made you happy to be alive, not unlike Mozart. This is how it should be remembered. Big and bold and blowing your mind.

Edit 2013-06 – First version in 2009-06. Note that so numerous copyright issues with the YouTube videos.

Michel Alleysson

Ô Logos combine la langue maternelle, originelle de l’Évangile de Jean, le grec donc, avec les discours des différents instruments au timbre si complémentaire. C’est de la musique à son excellence, alliant les différents timbres et évitant les clichés. Les percussions peuvent être mélodiques ; un orchestre être rythmique sans même ces percussions comme le savent tous les grands compositeurs.

Ce morceau fut créé par Grégory Orlarey en juin 2010. Ce n’est pas du Pärt, ni du Vasks, ni même encore du Sisask pourtant si adeptes du chant choral mais du MA : voici l’affiche et voilà une présentation.

Plusieurs années plus tard, racontons ceci quelques jours après avoir joué ensemble le Magnificat de John Rutter. Michel et sa femme Françoise ont offert des bijoux Orgue & Soprano le jour de la fête de la musique, assaillie de décibels par ailleurs ; pour ces trois perles en harmonie, au bon équilibre dans la grande église un peu vide, la fête fut plus que sauvée :

– D’Antonín Dvořák :  Měsíčku na nebi hlubokém (Petite Lune) dans l’opéra Rusalka, ici avec Anna Netrebko.
– De Gustav Mahler : Lieder eines fahrenden Gesellen | Des Knaben Wunderhorn.
– De Johann Sebastian Bach : Toccata & Fugue en ré mineur.

& :
Terpsichore, choeur dirigé par MA.
Musique ? | Pärt ? | Vasks ? (webOL).
– Twitter/webol/sound-matters.

EDIT : première version en 2011-10.

Le Sacre en communion

La musique n’est rien moins que physique, de l’air et de corps ; affaire de souffle et d’yeux, de doigts et de bras et de dos, de ventre : il suffit d’en jouer pour s’en rendre compte, ou d’observer intensément des musiciens. Les danseurs en sont d’excellents exégètes, pensons à Angelin Preljocaj, à Anne Teresa de Keersmaeker (ce qu’en dit EcritOL) et, nous le verrons, à Maurice Béjart (à Michael Jackson aussi, dans son genre). Les mots aussi peuvent en dire le pouls et le parfum, ces rythmes et ces timbres ; certains écrivains mêmes rédigent non pas en musique mais sur, mais avec la musique.

Il était une fois une expérience littéraire au nom de Vases communicants : « Tiers Livre et Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. »

Pour la cuvée de juin 2013, EcritOL proposait Le Sacre du Printemps à Isabelle Pariente-Butterlin, regardant aux bords de ses mondes. Deux textes furent rédigés sans autre concertation qu’un titre pour mots-clés : des rythmes et des timbres si différents se sont révélés au jour dit, d’une commune passion mélomaniaque irréfragable.

Isabelle Pariente-Butterlin, l’invitée qui comprend Béjart qui avait compris Stravinsky, aux rythmes heurtés jusqu’à l’explosif :

C’est la vie. La vie qui se lève. Elle se répand. Elle aurait pu ne pas, on n’attendait pas, et pourtant on savait. C’est la vie revenue. (…)

EcritOL, l’invitant :

La pluie ébroue l’herbe drue qu’un vent de vallée mouillée peint en vert depuis des jours. Les chaussures des randonneurs doivent se colorer d’auréoles sombres ; les gouttes de plus en plus piquantes tapotent au plat des vitres, puis éclatent en flaques sur le pare-brise, pour ruisseler le long du gros capot. (…)

& :
Les écrits d’IPB-l’invitée (édition Publie.net) | EcritOL-l’invitant.
Musique en plein corps | Listening Writing – (MusicOL).
Lumières & Sons (EcritOL).

Peteris Vasks

Qu’est-ce qu’un chef d’oeuvre ? L’antithèse d’un cortège de clichés : sachez que la musique contemporaine peut être mélodique et dissonante, douce et tendue dans l’écheveau de sons à enrouler des timbres que ne peut oublier le tympan.

Le concerto pour violon de Pēteris Vasks, Tala Gaisma (Lumière lointaine, ici chez YouTube), habite la salle s’il y a du calme autour de vous pour la recevoir. Puis vous écoutez Dona nobis pacem et simplement vous vous taisez car les voix vous saisissent (l’original dure environ un quart d’heure, l’oeuvre datant de 1996). Puis vous ne pouvez quittez l’oreille de son concerto pour cor anglais et de ses quatuors à cordes. Si vous êtes tolérant pour la qualité du son, ces deux extraits sont plus riches encore que le précédent avec choeur : mouvement premier par un violoncelle solo (5 minutes), mouvement second par le même violoncelle avec voix intermittente (8 minutes).

De la musique tout simplement sans -isme, sont les chefs-d’oeuvre : comme Stravinsky-de-feu, comme Dutilleux-le-lumineux, comme Messiaen-l’oiseleur au XXe siècle ; tels Schubert au XIXe siècle et Mahler à la jointure des deux.

& :
Pēteris Vasks (@music.lv).
Musique & Lettonie (@EcritOL) | Musique ! (@WebOL).

EditClin de Clic à TB, qui voudrait découvrir des billets enfouis dans les dédales de MusicOL pour n’en citer qu’un ; celui-ci (2009-05-16) remonte de 4 ans au bénéfice d’une actualisation, cher Violoncelliste.

Beethoven, Perlman, Barenboim

La dite musique classique n’a de guindés qu’une mauvaise écoute et un regard trop obsédé par les jabots et les queues de pie, ne voulant pas comprendre que ne pas applaudir entre les mouvements permet de s’immerger dans la magie jusqu’à la double barre de fin. Même les critiques de la qualité fournie par YouTube se mettent en sourdine en écoutant-regardant en boucle l’interprétation du Concerto pour violon par Itzhak Perlman et les Berliner Philharmoniker dirigés en concert par Daniel Barenboim.

Les timbres et la tenue du discours sont des ravissements ; tous, jusqu’au public, écoutent chacun avec la précision apparemment sans effort. Ce chef-d’oeuvre du début XIXe siècle respire sur scène ; tout fait écho, mélodie et harmonie, rythmes et timbres. Le soliste et le chef jouent sans partition, ce qui n’a rien d’exceptionnel mais la beauté est de voir ces deux complices se regarder, jouer ensemble ; l’Orchestre, dont la magnificence des Pupitres ne constitue pas la moindre des séductions, suit la leur qui n’est pas récente, ayant essuyé peut-être des générations d’interprétation (Abbado ? Karajan ? Furtwängler ? Plus ancien encore ?). Et rien d’autre ne compte, sinon des mots qu’un écrivain pourrait aligner ensorcelé par la bulle ainsi créée.

Même le film est magnifiquement monté, faisant sentir ce qu’est un orchestre. Voilà ce qu’il faudrait montrer aux enfants pour leur apprendre le délice de la chair de poule…

& :
– Musique en plein corps | Listening Writing – (MusicOL).
Lumières & Sons (EcritOL).

C’est affaire de corps pour sûr, de souffle et d’yeux, de doigts et de bras et de dos, de ventre.

John Rutter

L’écriture musicale contemporaine est aussi diverse que la peinture ou la littérature ; elle est parfois belle sans être d’une grande novation. John Rutter est né en 1945 : son Magnificat est à jouer entre instrumentistes et choristes, pour la joie des notes ponctuées des mots si classiques. Dans une salle à l’acoustique soignée, de subtils plans sonores glissants se révèlent, et tous se régalent.

– Le Magnificat dans son intégralité (39″).
Tout ce qui en relève surYouTube, y compris le conducteur des choeurs.
– JR on his piece : Part 1 | Part 2 | Part 3 | Part 5 | Part 7.

(Merci à GO, à MA et clin des clics aux I.).

& :
Harmonies 2012 | Our Side Story | Romeo & Juliette Prokofiev (chez MusicOL).

Rite of Spring

The Sacre du Printemps (Rite of Spring) is now 100 years old, but our ears might fancy that the score is much newer still. Not to choose a single best version is the true option of the ones who raves about this master piece of music, though anyone should note that Pierre Boulez is outstanding at the conductor desk, with several orchestras.

Courtesy of YouTube (bar one),
Pierre Boulez conducting the Orchestre de Paris in 2002.
Igor Markevitch with an unquoted orchestra, live in Japan in 1968.
Essa-Pekka Salonen, conducting an unquoted orchestra | « With 2013 being the Centenary year for Stravinsky’s Rite of Spring, Principal Conductor and Artistic Advisor of the Philharmonia Esa-Pekka Salonen discusses his relationship with this seminal work, and its continuing relevance in a 21st century context. (…) » (Vimeo, much better than YouTube).
The 1947 version, performed by the Radio Filharmonisch Orkest conducted by Jaap van Zweden live in the outstanding Het Concertgebouw Amsterdam.
The choregraphy by Maurice Béjart, as amazing today as in 1970.
The seemingly original Nijinsky’s choregraphy, in a recent live performance by the Mariensky ballet with Valery Gergiev leading the orchestra (not always at the perfect pitch).
– IS speaking about his masterpiece : Part #1 | Part #2.
– (…/…) as curated by MusicOL (and EcritOL as well, in French though).

(Clin de Clic aBdM).

& :
– Outstanding IS documentary, in many different languages (53″, Sveriges Television, 2001).
100 years after riot, Rite remains (Utah Public Radio) | Ballets Russes drove audiences away from modern music? Just the opposite (Washington Post).
Stravinsky ? | Yeux de feu – (WebOL).